Clefs - Le système politique de l'Union européenne -9 - (Page 14)

LES STRATÉGIES EN PRÉSENCE Paris du 23 mai au 20 juin, se solde par un échec. Et, face à la menace soviétique, les États-Unis d'Amérique pressent la France et la Grande-Bretagne de réindustrialiser puis de réarmer l'Allemagne occidentale. L'innovation institutionnelle est le fruit de la réﬂexion d'une équipe restreinte, formée autour du Commissaire au Plan : Jean Monnet. Prise en charge politiquement par le ministre français des Affaires étrangères : Robert Schuman, elle sera approuvée par les gouvernements des six États fondateurs des Communautés européennes : la France, la République fédérale d'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l'Italie. Et elle reposera sur la supranationalité. La Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA) 14 Devant l'impossibilité de construire l'Union européenne « par le haut » (dont témoigne le « proﬁl bas » imposé par la Grande-Bretagne au Conseil de l'Europe), Jean Monnet et ses collaborateurs jugent possible d'en édiﬁer par étapes le socle économique et de rendre irréversible la réconciliation francoallemande en plaçant sous une autorité commune la production et la gestion des ressources nécessaires, à l'époque, au développement des industries d'armement : le charbon et l'acier. D'où le projet, élaboré avec le concours du juriste Paul Reuter, d'une communauté « fonctionnelle » à caractère « supranational », plaçant sur un pied d'égalité l'Allemagne fédérale et ses anciens vainqueurs. N'oublions pas que la ﬁn de la guerre ne date encore que de cinq ans ! C'est cette innovation institutionnelle qu'assume avec détermination Robert Schuman, en la faisant d'abord avaliser par le gouvernement français, dont il force la main, puis en la proposant au Chancelier allemand Adenauer ainsi qu'aux gouvernements européens susceptibles de s'y associer. L'acte fondateur qui exprime cette conviction est sa déclaration du 9 mai 1950, dont voici les extraits essentiels : La Déclaration Schuman (9 mai 1950) « L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée ; l'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne... le Gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier, sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe [...]. La solidarité de production qui sera ainsi nouée manifestera que toute guerre entre la France et l'Allemagne devient non seulement impensable, mais matériellement impossible. [...]. Par la mise en commun de productions de base et l'institution d'une Haute Autorité nouvelle, dont les décisions lieront la France, l'Allemagne et les pays qui y adhéreront, cette proposition réalisera les premières assises concrètes d'une fédération européenne indispensable à la préservation de la paix. »

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