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LA DIALECTIQUE DE L'APPROFONDISSEMENT ET DE L'ÉLARGISSEMENT après que le Royaume-Uni ait rejeté dans les années 1950 l'invitation à rejoindre l'Europe des Six du fait de son opposition à la supranationalité. D'ailleurs, dès son célèbre discours de Zürich du 19 septembre 1946, Winston Churchill n'avait-il pas appelé à la création d'États-Unis d'Europe qui constitueraient la troisième composante du monde occidental au côté des États-Unis et du Commonwealth britannique, mais auxquels ne participerait pas la Grande-Bretagne victorieuse, considérée encore comme une grande puissance ? Et en réplique à la création du Marché commun, celle-ci n'eut d'autre réponse que la mise en place d'une Association européenne de libre-échange (AELE) appelée à le concurrencer. Aussi, est-ce à combattre l'idée de noyer la CEE dans une telle zone, au sein de l'OECE, que s'employa le général de Gaulle revenu aux affaires. L'échec de l'AELE incita donc les gouvernements britanniques, à partir des années 1960, à opérer un revirement en présentant la candidature du RoyaumeUni à la CEE. De son côté, Jean Monnet avait toujours rêvé de l'associer à la construction européenne et ce fut l'objectif du Comité d'action pour les États-Unis d'Europe qu'il constitua le 13 octobre 1955. En fait, la première candidature britannique au Marché commun fut présentée seulement en juillet 1961 par Harold Macmillan. Et les négociations butèrent notamment sur les questions agricoles. Ce qui entraîna un premier refus du général de Gaulle en janvier 1963. Une seconde candidature, qui n'impliquait plus de dérogations en faveur du Commonwealth, fut déposée en 1967 à l'initiative d'Harold Wilson qui se heurta le 16 novembre à une nouvelle opposition du président français. Et il fallut attendre le départ de celui-ci pour qu'à l'occasion du sommet de La Haye de décembre 1969, fondé sur le tryptique « achèvement, approfondissement, élargissement », son successeur Georges Pompidou donne son accord à l'ouverture de négociations que le Premier ministre Edward Heath saura mener à bien. Aussi, le traité d'adhésion, qui associait également le Danemark, l'Irlande et la Norvège (mais un référendum négatif en annula l'effet pour ce pays) fut-il signé le 22 janvier 1972 et entra en vigueur le 1er janvier 1973. Un second élargissement, intervenu pour des raisons conjoncturelles (la chute de la dictature des colonels) intervint le 28 mai 1979 en faveur de la Grèce. Et, après des négociations difficiles, il fut étendu le 12 juin 1985 à l'Espagne et au Portugal, qui s'étaient débarrassés entre-temps des régimes franquiste et salazariste. Mais la querelle de l'approfondissement et de l'élargissement ressurgit à la ﬁn des années 1980 à la faveur de la chute du Mur de Berlin et de l'implosion de l'Union Soviétique. Et, sous l'inﬂuence du couple franco-allemand, il fut décidé qu'aucune nouvelle demande d'adhésion ne serait examinée, sauf circonstance exceptionnelle, avant le début de 1993. En attendant, un accord visant à créer un Espace économique européen (EEE) fut conclu avec les pays de l'Association européenne de libre-échange, leur permettant d'être associés au marché commun, sans participer à ses institutions. Parallèlement, il fut convenu que des accords de coopération dits européens (c'est-à-dire n'excluant pas à terme l'adhésion) seraient signés avec les anciennes « démocraties populaires » remplissant certaines conditions. Et le 129

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