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LES FORCES POLITIQUES ET LA SOCIÉTÉ CIVILE La pratique du lobbying Largement développée au cours des années 1970 et 1980, la pratique du lobbying s'est accrue à la faveur de la mise en œuvre du grand marché intérieur. Elle affecte quelque 600 groupes installés principalement à Bruxelles et mobilise un nombre de personnes difficile à évaluer, les chiffres avancés variant selon les sources d'information de 3 000 à 10 000 ! D'inspiration anglosaxonne, la pratique du lobbying n'a véritablement convaincu les Français qu'à la suite des incitations lancées aux entreprises par Édith Cresson, alors qu'elle était ministre des Affaires européennes. Cette pratique s'adresse principalement à deux cibles : la Commission et le Parlement européen, sans négliger les représentations permanentes des États membres à Bruxelles dans la mesure où elles préparent, au sein du COREPER, les travaux du Conseil des ministres 12. Trois types de pression exercés en direction de ces instances ont pu être identiﬁés en fonction de la nature des acteurs appelés à les mettre en œuvre : - les groupes professionnels à vocation représentative : tels que l'Union des industries de la Communauté (UNICE), le Centre européen des entreprises publiques (CEEP), le Comité des organisations agricoles (COPA), l'Eurochambre (qui regroupe 800 chambres de commerce), le Bureau européen des unions de consommateurs et, côté syndical, la Confédération européenne des Syndicats (CES). Créée en 1973, sous l'inﬂuence de la CISL, la CES a regroupé principalement à l'origine des syndicats à tendance sociale-démocrate, puis elle s'est ouverte aux syndicats chrétiens. Mais elle a ﬁnalement admis en 1974 la CGIL italienne et en 1991 les Commissions ouvrières espagnoles, et plus récemment la CGT française. Elle regroupe 71 organisations de 33 pays ; - les groupes sectoriels, représentant des branches industrielles particulières tels que Eurofer (sidérurgie), CEFIC (chimie), Comitextil, CIIA (agroalimentaire), EFPIA (pharmacie)..., voire des entreprises multinationales comme Rhône-Poulenc ou Elf et des entreprises nationales de grande envergure comme France-Télécom ou EDF ; - enﬁn, les cabinets spécialisés dans le lobbying professionnel, auquel peuvent s'adresser notamment les petites et moyennes entreprises : ainsi se sont installés à Bruxelles dans les années quatre-vingt six grands cabinets comptables internationaux, dont Coopers and Lybrand, Price Walter House, Arthur Andersen et Ernst and Young, ainsi que des cabinets spécialisés en relations publiques, comme Hill and Knowlton et Breston-Masteller. L'action de ces groupes se manifeste principalement auprès de la Commission et du Parlement. La première associe souvent les groupes à vocation 12 Sur les groupes d'intérêts et de pression, l'on se reportera aux travaux fondateurs de Jean Meynaud et Dusan Sidjanski et, pour les aspects contemporains, à ceux de Sabine Saurugger, notamment : Les groupes d'intérêt économique et l'élargissement de l'UE, L'Harmattan, 2004 et le chapitre consacré aux groupes d'intérêts dans l'ouvrage collectif qu'elle a dirigé avec Céline Bellot : Science Politique Européenne, Economica, 2008, assorti d'une bibliographie complète. 119

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