Ifremer N°115 au journal le marin du 26 mars 2010 - (Page 1)

Les nouvelles de l MARS 2010 MACRODÉCHETS Déchets à la mer… 115 Interview Étudié depuis les années quatre-vingt, le phénomène des macrodéchets marins s’est imposé comme un thème majeur du Grenelle de l’environnement et de la directive cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM). Les déchets se trouvent dans trois « compartiments » identifiés du milieu marin : sur les plages, flottants à la surface de la mer et sur le fond des océans. La cartographie des données permet de préciser l’influence des facteurs hydrodynamiques. Les densités plus importantes de plastiques se retrouvent dans les gyres océaniques du Pacifique et plus récemment de l’Atlantique. La circulation tourbillonnaire provoque alors une accumulation des objets flottants. Ce mécanisme n’est pas nouveau, il a même donné le nom de « mer des Sargasses » à l’amas de ces algues dérivantes dont les objets flottants calquent le cheminement en mer. Plus près de nos côtes, les spécialistes savent que la circulation rapide de la branche du Gulf Stream qui transite dans la Manche, a pour effet de balayer les fonds marins et de chasser les détritus vers la mer du Nord. Les grands fleuves peuvent être responsables d’apports sur les plages proches mais provoquent, du fait d’un fort débit, un transport des déchets vers le large. Ceci est vrai pour la Seine, la Loire, la Gironde et le Rhône. Dans le cas des petits fleuves côtiers, le déplacement est faible et les déchets sont retrouvés dans les zones adjacentes aux estuaires. Pour la Méditerranée, les déchets restent peu nombreux sur le plateau continental du golfe du Lion en raison du transport par le panache du Rhône, par les courants liguro-provençal et d’upwellings (courant de la côte vers le large lors des épisodes de vents, Mistral ou Tramontane). Ils s’accumulent dans les canyons côtiers, à l’abri des courants, mais également de la lumière, ce qui ralentit leur dégradation. Les macrodéchets sont responsables d’un nombre de mortalités d’animaux marins non négligeable. Ils génèrent des coûts engendrés par le nettoyage des plages mais aussi par le colmatage des filets. Ils favorisent les risques d’accidents et le transport d’espèces. C’est pourquoi les indicateurs établis pour la directive cadre Stratégie pour le milieu marin visent à mieux connaître leur origine, leur mode de diffusion et leurs impacts. © Ifremer / Olivier Barbaroux numéro L’urbanisme littoral, les fleuves, le tourisme et les navires sont responsables de la plupart des apports sur les côtes françaises. François Galgani Responsable adjoint du LER-Provence-Azur-Corse. L a prédominance de la production et de l’utilisation de matériaux jetables et persistants, l’expansion démographique planétaire sur le littoral et aux bords des fleuves, le développement des transports maritimes et des activités de pêche sur les océans aboutissent à la mondialisation et à l’uniformisation des déchets dans les milieux marins jusqu’à l’Arctique, les atolls et l’Antarctique et dans les estuaires des grands fleuves urbanisés ». L’introduction du document de synthèse réalisé par le groupe de travail « Déchets en milieux aquatiques » du Grenelle de l’environnement, pose clairement les causes du problème. Plus loin, il détaille aussi ses conséquences : « Les déchets dans les milieux aquatiques dégradent les paysages et les usages d’agrément. Ils constituent des pièges physiques et des leurres pour la biodiversité marine notamment les mammifères et des espèces commerciales. Ils peuvent exposer les populations et les chaînes alimentaires à des risques sanitaires et avoir des effets négatifs sur la qualité des eaux et des habitats. Ils portent atteinte à la sécurité de la navigation et des activités professionnelles de pêche. En amont, ils représentent un fardeau financier et technique pour les gestionnaires des voies navigables et en aval pour les collectivités qui financent le nettoyage du littoral ». Les études réalisées en mer par l’Ifremer ont débuté à la fin de l’an- née 1992 : il s’agissait d’évaluer les quantités de déchets présents sur le plateau continental des côtes françaises, ainsi que dans les zones plus profondes. Par la suite, les chercheurs ont réalisé de nombreuses campagnes essentiellement pour localiser et quantifier les débris : 300 millions de déchets dans le NordOuest de la Méditerranée ; 50 millions dans le golfe de Gascogne ; 2 milliards dans toute la Méditerranée. “ Des impacts divers et importants f Quelle est la définition des macrodéchets et quels problèmes posent-ils ? MAJORITÉ DE PLASTIQUES L’existence de zones d’accumulation près de la côte, et aussi en profondeur (jusqu’à 2 000 m de fond), a pu ainsi être identifiée. La localisation d’aires d’abondance montre que ce sont les fleuves, les agglomérations urbaines situées sur le littoral, les zones touristiques ainsi que les navires (commerce et pêche essentiellement) qui sont responsables de la plupart des apports pour les côtes françaises. Le plastique représente la plus grande partie des déchets. Leur importance varie dans une proportion allant de 60 à 95 %. Ils sont constitués principalement d’emballages. Les objets en verre, métal, tissus, cuir ou caoutchouc sont moins nombreux. Les débris issus de l’activité de pêche (fils, cordages, morceaux de filets) peuvent être abondants dans certaines zones. du 26 Mars 2010 Elle inclut toutes les substances, matières et autres objets, d’origines humaines, introduits de manière volontaire ou non dans le milieu marin. Ils ont trois impacts principaux. Le premier est écologique, car ils nuisent à la faune qui les ingère. Dans la mer du Nord, on a relevé 0,6 g de déchets par Fulmar, un oiseau marin. Extrapolé à l’homme, cela donne 60 g de déchets dans l’estomac ! En moyenne, car on a vu jusqu’à 200 g chez les oiseaux, soit 2 kg chez un homme ! Quant aux grands organismes comme les tortues ou les mammifères, ils ingèrent les sacs plastiques qu’ils prennent pour des méduses. Parfois ils s’étranglent. On constate par ailleurs un impact sur la santé humaine avec des médicaments, des seringues… échoués sur les plages. En Manche, un conteneur perdu avait largué des milliers de sachets de pesticides. Ce sont des risques ponctuels. suite page 2 f Les nouvelles de l’Ifremer n°115 - publiés dans DR “

Table des matières de la publication Ifremer N°115 au journal le marin du 26 mars 2010

Ifremer N°115 au journal le marin du 26 mars 2010

http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer120629
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer101231
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer100924
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer100625
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer115100326
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer100226
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer114091218
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer110090430
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer109090227
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/Ifremer081031
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer105081003
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer104080829
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer103080627/ifremer103080627
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer102080530
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer101080502
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer86071228
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer95071026
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer94070928
http://www.nxtbook.fr/lemarin/ifremer86/ifremer90070427
https://www.nxtbookmedia.com