Ifremer N° 112 au journal le marin du 25 septembre 2009 - (Page 1)

Les nouvelles de l numéro Technologies sous-marines potentiels et la vitesse d’exécution, avec la création des AUV (Autonomous Underwater Vehicle). Leur avantage ? « Plus indépendants du bateau, ils permettent d’optimiser le temps d’opération », précise Vincent Rigaud. Dans cet esprit, le département a imaginé AsterX et IdefX, des engins autonomes capables d’accueillir diverses charges utiles scientifiques tout en plongeant à 3 000 m pendant 24 h. Conçus comme des systèmes modulaires, ils assurent des missions de cartographie, physique, halieutique, physicochimie… « Après le développement d’Épaulard dans les années 80, puis de Sirène, Alive et Swimmer, prototypes technologiques capables d’atterrir sur le fond, de se connecter à des stations et de rejoindre un navire en toute autonomie (premières mondiales), nous imaginions que les besoins scientifiques s’orienteraient vers le déploiement de stations autonomes capables de rester plusieurs mois sur le fond, poursuit Vincent Rigaud. Nous avons donc développé des outils susceptibles d’assurer les services vers ces systèmes. Les connaissances accumulées en R&D permettent d’envisager à moyen terme des systèmes opérationnels pour des applications industrielles offshore ». Au-delà de l’exploration scientifique ou de l’intervention en fond de mer, les activités de surveillance se renforcent aussi sous l’impulsion de l’évolution de la réglementation (directive cadre sur le milieu marin, aires marines protégées…). Les nouveaux outils doivent accroître les capacités de surveillance de l’environnement (risques, ressources, biodiversité…). « Nous avons besoin d’instrumenter de façon fixe ou mobile le fond et la colonne d’eau, pour établir dans le temps des évolutions de phénomènes, juge Vincent Rigaud. Nous allons aussi vers la mise en réseau d’instruments autonomes pour des relevés de paramètre physique pour l’océanographie opérationnelle ». Des objectifs à atteindre en développant la coopération internationale. C’est notamment l’enjeu de la création du Centre européen de technologie sous-marine. SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 Des décennies d’un travail de fond Initiées dans les années soixante, la recherche et l’exploration sous-marines profondes franchissent régulièrement des étapes importantes. Avec le Nautile, Victor 6000, le SAR et les engins autonomes, l’Ifremer est l’un des principaux acteurs internationaux du secteur. Interview © Ifremer / Michel Gouillou Gérard Riou, Directeur du Centre Ifremer Méditerranée Victor 6000, l’un des outils au service de l’exploration de la planète bleue. “ Constituer une masse critique attractive P Quel a été votre parcours jusqu’à ce poste ? Ingénieur civil du génie maritime, j’ai intégré l’Ifremer en 1982 et j’y ai occupé différents postes, au département informatique notamment, avant de devenir directeur de la technologie marine puis directeur du Centre de Brest et enfin, depuis 2006, du Centre de Méditerranée. P Comment est organisé ce Centre Méditerranée ? Outre les Dom qui lui sont rattachés, il dispose de quatre implantations en Métropole, avec chacune leurs spécificités. La Seyne-sur-Mer, à côté de Toulon, est spécialisée en technologies sous-marines. Nous y avons notamment développé les outils à l’origine de l’exploration des grands fonds marins. Le site de Sète est dédié à l’halieutique (ressources…) et à l’environnement avec une orientation marquée vers les écosystèmes des lagunes où s’est développée une intense activisuite page 2 f Les nouvelles de l’Ifremer n°112 publiées dans du 25 septembre 2009 “ e département « Systèmes sousmarins », rattaché au Centre Ifremer Méditerranée, s’articule autour de trois services aux orientations bien marquées : électronique, informatique et électrotechnique embarquée ; conception de systèmes, développement des fonctions et outils de pilotage ; recherche (robotique, acoustique, optique, positionnement…). « Nous sommes les héritiers des programmes du Cnexo et du laboratoire du Bathyscaphe, rappelle Vincent Rigaud, responsable du département. Cette création du CNRS et de la Marine nationale, née au milieu des années 60, est à l’origine des programmes scientifiques du Bathyscaphe qui plongea jusqu’à 9 545 m ! C’était la grande époque de la compétition avec les États-Unis. Depuis, des générations d’ingénieurs se sont passées le flambeau de la conception de « systèmes », réalisés en interne ou avec des industriels, et dont la robotisation a été croissante ». Des engagements qui font aujourd’hui de l’Ifremer un référent au niveau mondial, au même titre que le Jamstec (Japon) et la WHOI (États-Unis). Entretemps, à cette « guerre de la performance technique », du toujours plus profond, s’est substituée une orientation plus marquée vers l’exploration, puis vers la surveillance opérationnelle et la mise en place de filières technologiques pour intervenir jusqu’à 6 000 m L (soit 97% de la surface océanique). Dans les années 70, la politique était ainsi aux sous-marins habités car la présence de l’homme au fond est, comme dans l’espace, un impératif. Aboutissement de cette stratégie en 1984, le Nautile est l’un des cinq engins profonds encore opérationnels dans le monde jusqu’à 6 000 m. Il a réalisé plus de 1 600 plongées, dans des tâches scientifiques (reconnaissance de sites, mise en œuvre d’instrumentation, prélèvement…), sur des épaves polluantes (Prestige), archéologiques (Titanic), stratégiques ou économiques. Les systèmes habités ont néanmoins été remplacés dans les années 80 par des engins télé-opérés. Leur principale vertu est de réduire les coûts d’opérations et d’allonger leur temps sur le fond. La demande de plus grande productivité a également émergé dès 1990, avec l’évolution des programmes d’exploration vers l’étude pluridisciplinaire et l’instrumentation de sites. Là encore, l’Ifremer se démarque. Victor 6000, opérationnel depuis 1997, a passé plus de 5 000 heures en plongée jusqu’à 6 000 m et fait partie des leaders mondiaux dans le secteur. L’engin embarque jusqu’à 600 kg de charge utile scientifique au sein de modules instrumentés et interchangeables en mer. Une nouvelle étape est franchie, afin d’élargir les territoires d’exploitation © Ifremer / Michel Gouillou

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Ifremer N° 112 au journal le marin du 25 septembre 2009

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