produit de la mer - n°172 - Mai 2017 - 39

6 millions de tonnes (1), or, une part croissante des captures de pêche minotière
se réoriente vers l'alimentation humaine.
L'aquaculture mondiale, dont la production dépasse depuis 2015 celle de la pêche
destinée à la consommation humaine,
cherche activement des alternatives pour
nourrir ses poissons et crevettes. Y compris des alternatives aux protéines végétales comme le soja, le blé ou le colza
- qui se substituent aux farines et huiles
de poisson depuis une bonne dizaine
d'années. Là encore, la pression sur les prix
des céréales et des protéagineux va croître
avec la demande mondiale.
Le futur aquacole dépend beaucoup
des nouvelles sources de protéines et
d'oméga 3. De nombreuses pistes sont
en cours de développement : bactéries et
levures, ensilages de coproduits de poisson,
farines d'algues et d'insectes, sans oublier
les protéines animales transformées (PAT),
telles que les farines de sang dont la qualité protéique est à la hauteur des craintes
qu'elles suscitent dans le grand public,
même si elles sont peu justifiées.
À l'horizon 2025, l'Organisation pour
l'agriculture et l'alimentation table sur une
croissance de 39 % de la production aquacole par rapport à la période 2013-2015.
D'ici là, la production halieutique n'aura
quasiment pas bougé. Aussi, l'aquacul-

ture fournira environ 60 % de la production de poisson et de crustacés dans le
monde. Les poissons d'eau douce omnivores comme la carpe, le panga et le tilapia
domineront à 60 % la production aquacole. Crevettes et salmonidés continueront aussi à augmenter.
Tous les scénarios de croissance sont
couplés à de gros d'investissements productifs dans le cas de l'offshore saumon
et de la production à terre en Norvège.
Expérimentale mais prometteuse, l'aquaculture intégrée multitrophique (AIMT)
suscite aussi l'intérêt des aquaculteurs.
Cette polyculture qui associe l'élevage
de poissons, de mollusques et d'algues
favorise l'équilibre du milieu aquatique
grâce à l'échange entre les productions.
L'impact de l'élevage de poissons s'en
trouve réduit. L'eau chargée en particules organiques est filtrée par les coquillages. Les algues poussent d'autant mieux
qu'elles absorbent l'azote et le phosphore,
et accessoirement le Co2. Des salmoniculteurs écossais et norvégiens ainsi que des
producteurs de bars et daurades italiens et
chypriotes testent et produisent, pour certains, avec ce système. Autre forme d'aquaculture multitrophique, l'aquaponie plante
ses jalons en ville et dans les campagnes
en associant l'élevage de poissons d'eau
douce à la production hors sol de plantes.

Production
d'huile
de poisson :

million de
tonnes
La FAO prévoit un
déficit de poisson de

millions de
tonnes pour alimenter
la population en 2030.

Algues et saumons
font bon ménage
en cultures associées.

La station Inra
de Sizun expérimente
l'aquaponie
sous la direction
de Laurent Labbé.

L.F.

Futuristes, les élevages fermés abriteront les poissons des prédateurs et des parasites.

Dossier ❘ AQUACULTURE

Du côté de l'ingénierie et des services,
les attentes sont multiples. Sur le terrain
sanitaire, les travaux portent sur des vaccins ciblant plus précisément les pathogènes. La lutte non chimique contre la
prolifération des poux du saumon prend
d'autant plus d'importance que le fléau
s'aggrave avec une montée des températures. La génétique rentre aussi en jeu
avec des outils de plus en plus performants. À l'image de la sélection génomique qui s'appuie sur des schémas
multicaractères. La robotisation des opérations va de pair avec l'utilisation de
puces à 50 000 marqueurs ! Mais ces travaux sont coûteux.
En 20 ans, la sélection génétique est
partie des critères de croissance et de rendement en découpe pour cibler ensuite la
résistance aux maladies et aux parasites, la
qualité de chair, la reproduction ou l'efficacité alimentaire. Grâce à la sélection,
l'aquaculteur produit mieux. Le rendement qu'il gagnera par exemple en filet,
équivaut à une meilleure transformation
de l'aliment. Par ricochet, à une meilleure
efficacité écologique, laquelle se traduit
par une réduction de l'empreinte carbone
du poisson d'élevage. La révolution aquacole ne fait que commencer. ■
(1) À partir de poisson entier et de coproduits

PRODUITS DE LA MER N°172 MAI 2017

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